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Bénin/Un système bancaire en retard (Selon Richard Boni Ouorou)

Richard Boni Ouorou, une voix influente, a récemment émis des critiques sévères sur l’état actuel du système bancaire du pays. A travers deux textes postés sur les réseaux sociaux, il met en lumière des lacunes significatives qui freinent le développement économique et menacent la souveraineté financière du Bénin. Ses observations soulignent l’urgence de réformes du système bancaire pour améliorer la compétitivité du Bénin sur la scène internationale.

Réformer le système bancaire béninois : Une urgence pour la compétitivité et la souveraineté.

Dans son premier texte, Ouorou détaille plusieurs problèmes majeurs qui affligent le système bancaire béninois :

  1. Absence de standards internationaux : Ouorou remarque que les banques béninoises ne respectent pas les standards internationaux, ce qui limite leur attractivité pour les investisseurs étrangers. Cette non-conformité inspire peu de confiance et réduit la compétitivité du pays. En 2021, seulement 25% des banques béninoises étaient conformes aux normes de Bâle III, un cadre réglementaire internationalement reconnu. Rappelons que les normes de Bâle II et III visent à renforcer la résilience du secteur bancaire et la solidité des établissements de crédit. Initiées par les gouverneurs des banques centrales du G10, ces normes fixent des standards internationaux pour la supervision bancaire. La BCEAO accompagne les établissements de crédit dans l’adoption de ces réformes structurantes pour renforcer le système financier.
  2. Problèmes de paiements internationaux : Les retours de fonds sans explication lors de paiements internationaux sont un dysfonctionnement majeur. Selon la Banque Mondiale, 15% des transactions internationales effectuées par les banques béninoises échouent, comparé à une moyenne mondiale de 3%.
  3. Lenteur administrative : La lenteur du processus d’ouverture de compte entreprise et de fourniture de documents comme le RIB est un obstacle significatif. Dans des pays comme le Ghana, ces procédures sont effectuées en 24 heures, alors qu’au Bénin, elles peuvent prendre un temps relativement plus long.
  4. Conséquences fiscales : La préférence pour les paiements en espèces, due à la lenteur des services bancaires, complique la tâche de l’État en matière de collecte fiscale. Le FMI estime que l’économie informelle représente environ 60% du PIB du Bénin, rendant difficile la collecte des impôts.
  5. Désespoir des entrepreneurs : Ouorou exprime un sentiment de désespoir partagé par de nombreux entrepreneurs, allant jusqu’à envisager la fermeture de son entreprise. En 2022, 30% des nouvelles entreprises ont fermé dans leur première année, souvent en raison de difficultés bancaires.
  6. Appel à la modernisation : La modernisation du secteur bancaire est présentée comme une nécessité pour attirer les investissements étrangers et soutenir la croissance économique du pays. Les investissements étrangers directs (IED) ont chuté de 20% entre 2019 et 2022, en partie à cause de l’inefficacité bancaire.
  7. Indépendance des politiques économiques : Ouorou critique la politisation excessive des questions économiques, appelant à une séparation entre les politiques économiques et les conflits politiques pour permettre un développement sain du secteur privé.
« le Bénin ne maîtrise pas des aspects fondamentaux de son système bancaire, comme l’impression des chéquiers, ce qui expose le pays à des vulnérabilités externes ».

Une dépendance inquiétante

Dans son second texte, Ouorou aborde la dépendance des banques béninoises vis-à-vis de l’étranger pour des opérations aussi basiques que l’impression de chéquiers :

  1. Dépendance excessive : Ouorou souligne que le Bénin ne maîtrise pas des aspects fondamentaux de son système bancaire, comme l’impression des chéquiers, ce qui expose le pays à des vulnérabilités externes. Par exemple, 90% des chèques utilisés au Bénin sont imprimés à l’étranger, notamment en France et en Chine.
  2. Risques géopolitiques : Cette dépendance pose des risques géopolitiques et économiques. La capacité d’acteurs étrangers à manipuler les systèmes financiers du pays pourrait avoir des conséquences graves, comme en témoigne la récente crise au Niger où des sanctions internationales ont paralysé le secteur financier.
  3. Stabilité économique et souveraineté : La maîtrise des systèmes financiers nationaux est essentielle pour assurer la stabilité économique et la souveraineté du pays. Perdre ce contrôle pourrait déstabiliser l’économie nationale et éroder la confiance des investisseurs.
  4. Priorités des réformes : Ouorou critique la priorité accordée à des réformes comme le Code électoral au détriment des réformes économiques structurelles. Il appelle à une vision stratégique et à une anticipation des problèmes à long terme pour renforcer l’indépendance et la résilience du système financier.
  5. Appel à l’initiative et à la vision à long terme : Il appelle les autorités à adopter une approche proactive pour identifier et résoudre les défis économiques. La Banque Mondiale recommande une stratégie de numérisation des services bancaires pour améliorer l’efficacité et réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger.
  6. Assumer la souveraineté : Ouorou fait un appel provocateur à assumer pleinement la souveraineté du pays en investissant dans des infrastructures de base comme les imprimantes pour chèques et en formant la population à leur utilisation. Une telle initiative pourrait économiser jusqu’à 5 millions de dollars par an en coûts d’impression à l’étranger.

Les deux textes de Richard Boni Ouorou tendent vers un besoin urgent de réforme et de modernisation du système bancaire au Bénin. Les deux réflexions soulignent la nécessité de réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger et de se conformer aux standards internationaux pour améliorer l’attractivité du pays pour les investisseurs. En mettant en lumière les problèmes spécifiques et en appelant à une action stratégique et proactive, Ouorou présente une critique constructive des faiblesses actuelles, tout en offrant des pistes de solution pour un avenir plus stable et prospère. Ces réflexions sont essentielles pour inciter les décideurs à prendre des mesures concrètes pour renforcer l’économie béninoise.

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Lire les deux texte.

1 – Faire des affaires dans notre pays est devenu un véritable défi, et notre secteur bancaire est l’un des obstacles majeurs à surmonter. Nos banques, malheureusement, ne sont pas à la hauteur des standards internationaux.

Comment peut-on espérer attirer des investisseurs étrangers tout en maintenant un secteur bancaire aussi désuet ? Tous les hommes d’affaires que j’ai rencontrés partagent ce sentiment : nos institutions bancaires sont dépassées. Par exemple, lorsqu’on effectue un paiement international, il n’est pas rare de voir les fonds retournés sans explication valable.

De plus, ouvrir un compte entreprise est un processus interminable. Cela fait deux semaines que j’attends un RIB et je n’ai toujours rien reçu. Dans d’autres pays, il suffit de prendre rendez-vous, de se rendre à la banque, de faire le KYC (Know Your Customer) et de signer les documents de conformité pour sortir le même jour avec tous les documents nécessaires.

Du coup, plusieurs prestataires préfèrent se faire payer en argent comptant. Comment l’état compte dans de telles situations s’alimenter s’il ne peut plus contrôler les revenus des entreprises et s’assurer de prélever ses impôts?

Cette situation me laisse perplexe et sincèrement attristé. Devrais-je envisager de fermer mon entreprise et de retourner d’où je viens ? Cela signifierait laisser plusieurs personnes sans emploi, un choix que je ne prends pas à la légère.

Je tiens à souligner que j’aime profondément mon pays. Cependant, sur le plan des affaires, et pour l’instant, des pays comme le Togo semblent plus attractifs. Il est crucial que nous modernisions notre secteur bancaire pour rester compétitifs sur la scène internationale.

On ne peut pas tout politiser et la peur des adversaires politiques ne doit pas refléter sur les politiques économiques et le domaine des affaires.

Excusez mon impertinence!

Prenez soin de vous,

Richard Boni Ouorou

2 – Savez-vous que nous n’imprimons pas au Bénin les chéquiers que nous utilisons?

Je tiens à tirer la sonnette d’alarme sur des enjeux critiques qui menacent la souveraineté et la stabilité économique de notre pays. La dépendance excessive vis-à-vis de l’étranger pour des besoins aussi fondamentaux que l’impression des chèques constitue une vulnérabilité alarmante. Cette situation expose notre nation à des risques géopolitiques et économiques majeurs, comme en témoignent les exemples récents du Niger.

La maîtrise des systèmes financiers nationaux et la sécurisation des transactions sont indispensables pour garantir la souveraineté et la stabilité économique du pays. La possibilité de manipulation des chèques par des acteurs extérieurs n’est pas une menace théorique mais une réalité potentiellement dévastatrice. Une telle éventualité pourrait éroder la confiance des investisseurs et entraîner des répercussions économiques graves et durables.

En parallèle, la priorité accordée à la réforme du Code électoral, bien que cruciale pour assurer des élections libres et équitables, ne doit pas détourner l’attention des décideurs des autres défis structurels et économiques pressants qui impactent directement les citoyens. La gestion des affaires publiques ne peut se limiter à des réformes superficielles; elle nécessite une vision stratégique et une anticipation des problématiques à long terme.

Il est impératif de questionner les priorités actuelles des politiciens et de dénoncer le manque d’initiative et de vision à long terme. Les autorités doivent adopter une approche proactive et stratégique pour identifier et résoudre les défis auxquels notre pays est confronté. La réactivité ne suffit plus; il est temps de planifier et d’agir en vue de renforcer l’indépendance et la résilience de notre système financier.

Il ne suffit pas de crier souveraineté, il faut l’assumer et à l’étape actuelle j’ai bien envie de dire: vendons la souveraineté pour acheter des imprimantes et former les populations à leur utilisation ça servirait à quelque chose.

Prenez soin de vous Boni richard Ouorou

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