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Bénin: silence, on musèle

 (Enrayer la contestation par la peur et la répression)

Le procès de trois personnes supposées être des «informateurs» de Comlan Hugues Sossoukpè témoigne d’une dérive inquiétante du régime au pouvoir à Cotonou. En entravant la libre expression des dénonciateurs, les autorités visent à déjouer toute tentative d’éveil citoyen face aux abus du pouvoir. Cette criminalisation des lanceurs d’alerte constitue une manœuvre redoutable: inhiber l’esprit de résistance en propageant la peur d’éventuelles poursuites judiciaires.

NDLR/Le harcèlement judiciaire devient un instrument au service de l’État, restreignant ainsi les initiatives citoyennes et bridant les droits élémentaires de défense contre l’injustice. Cette stratégie, pensée pour prohiber toute dénonciation publique, nuit à la transparence et fragilise chaque jour un peu plus, la démocratie béninoise.

Empêcher la dénonciation : une chape de plomb sur la population

La méthode choisie par les autorités semble suivre un modèle autocratique éprouvé : étouffer les sources d’information indépendantes et contrecarrer les mouvements critiques. Les procès et intimidations se multiplient, gênant les journalistes et contrariant les lanceurs d’alerte, pourtant indispensables à une société saine. L’objectif est clair : barrer la route à toute opposition et défendre l’hégémonie du régime en place, même au prix du sacrifice des libertés fondamentales. Lors d’une rencontre avec le clergé en 2018, l’aveu est venu directement du Chef de l’État lui-même, dans une déclaration aussi révélatrice qu’inquiétante : «Pour une renaissance de notre pays, nous allons compromettre la paix pour les temps à venir.» Ces mots illustrent l’engagement clair du régime : enrayer toute contestation, brider la liberté d’expression et prohiber toute forme de dissidence, quitte à plonger le pays dans l’instabilité à long terme. En tentant de déjouer l’esprit de résistance, le pouvoir prend le risque de se retrouver confronté à une colère populaire plus forte que la répression elle-même.

L’illusion d’une répression durable

Si l’histoire nous enseigne quelque chose, c’est que ces stratégies d’oppression finissent toujours par s’effondrer. Les régimes autocratiques peuvent se retenir d’écouter la voix du peuple, mais celle-ci finit toujours par s’exprimer d’une manière ou d’une autre. Enrayer les contestations ne fait que retarder l’inévitable. Malgré la peur et l’intimidation, l’esprit de résistance s’enracine, porté par des citoyens engagés et des journalistes déterminés.

Le combat pour la liberté au Bénin est loin d’être terminé. Comme le souligne le communiqué de Comlan Hugues Sossoukpè, la mission de dénonciation se poursuit : chaque abus sera exposé, chaque injustice révélée.

Communiqué 

Ce lundi 21 octobre 2024, la presse béninoise s’est fait l’écho «du procès de trois personnes », présentées comme des « informateurs de Comlan Hugues Sossoukpè» et jugées comme tels. 

Avant toute chose,  nous voudrions, par le présent communiqué, dire que nous ne connaissons ni d’Adam, ni d’Ève ces personnes qui font l’objet en ce moment de harcèlement judiciaire de la part des autorités béninoises. 

Il est évident que l’objectif de cette entreprise de criminalisation de la dénonciation est d’intimider les sources potentielles et par la même occasion, d’empêcher toute personne témoin ou victime de se battre contre les abus et les violations des droits. 

L’ambition affichée d’une telle manœuvre est d’épaissir la chape de plomb que les autorités actuelles du Bénin ont déployée depuis plusieurs années sur la population afin de poursuivre dans l’anonymat le plus total leurs abus. 

Nous dénonçons avec la plus grande fermeté cette manœuvre d’intimidation, et invitons les autorités judiciaires béninoises à relaxer purement et simplement les personnes injustement poursuivies. 

Pour notre part, nous continuerons de mettre la lumière sur chaque abus, chaque injustice orchestrée par les représentants de l’État, pour le bien de nos populations tout en protégeant nos sources d’informations. 

Comlan Hugues Sossoukpè

Fait à Accra le 22 octobre 2024 

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